Martin Germann
En tant qu’artiste visuelle, Laure Cottin Stefanelli questionne des notions fondamentales de la photographie conceptuelle et du film : où le « je » – au sens philosophique et personnel du terme – finit-il, et où commence l’autre ? Comment les limites existantes – entre moi et l’autre – peuvent-elles être mises à nue ? Comment cet entre-deux, cette zone sauvage peut-elle être embrassée ? Dans la relation à l’autre, dans la tentative de définition de cette zone, quel rôle la caméra peut-elle jouer ? Est-elle réceptrice ou productrice ? Et s’il s’agit d’une chose entre-les-deux, comment la donner à voir ?
Les images des films et photographies de Laure Cottin-Stefanelli sont, d’une manière ou d’une autre, toujours à la limite d‘une agression physique et psychique, oscillant entre un érotisme participatif et la distance de l’observation, ce qui rend sa pratique parfaitement contemporaine. Laure Cottin Stefanelli a un certain talent pour toucher les limites de la bonne forme, c’est-à-dire que les œuvres ont cette identité partagée que les bonnes pièces doivent avoir : le sujet dont il s’agit (l’histoire) et son contenant (la forme) sont bien équilibrés. J’espère vivement que son travail ne se perdra pas dans le monde du cinéma documentaire.
Martin Germann est commissaire d’exposition en chef au S.M.A.K., le Musée municipal d’art contemporain de Gand, Belgique, depuis l’automne 2012. Auparavant, Germann était commissaire à la Kestner Gesellschaft Hanovre, Allemagne et responsable du programme “Gagosian Gallery, Berlin” pour la 4e Biennale d’art contemporain de Berlin. Il a publié de nombreux catalogues et monographies d’exposition et a écrit pour des magazines internationaux tels que 032c et Frieze.
